Le Domaine La Toupie en Roussillon

Une rencontre improbable

Montpellier, février 2014.

Crachoir et verres Vinisud
©Vinisud

D’aucuns affirment que les rencontres ne sont jamais dues au hasard. Ils étaient plus de 1700 exposants disséminés dans les allées fourmillantes du salon Vinisud, une des plus importantes manifestations viticoles mondiales. Nos chemins s’y sont croisés. La raison? est-ce vraiment important… Ce qui suit l’est bien davantage.

Il est là, tranquille, à observer cette foule qui va et vient. L’histoire qu’il aimerait raconter est celle de la naissance en 2012 de son domaine de 9 hectares au milieu des pierres sèches écrasées de soleil, sur différentes parcelles autour des villages d’Estagel, Tautavel, Maury et Saint-Paul-de-Fenouillet, dans des paysages à couper le souffle. C’est manifestement l’histoire d’un projet-passion, lentement mûri, dont les fruits se trouvent aujourd’hui en bouteilles. Dans ses bouteilles.

C’est avec un plaisir non dissimulé que je vous emmène à la rencontre d’un lieu magique de beauté, d’un vigneron qui a franchi récemment le grand pas vers l’indépendance et de flacons qui pour des motifs divers, ont de belles histoires à raconter. Le Roussillon est là, à portée de vos yeux, de vos narines et de votre palais. Laissez-vous faire, le voyage pourrait vous plaire.

vignoble maury
Vallée de l’Agly – © V. Roelandt

Nous sommes dans la France du bout, sur les terres du Fenouillèdes, là où le département de l’Aude laisse place aux Pyrénées orientales, au cœur d’un Roussillon sauvage et préservé, aux accents déjà catalans. C’est magnifique.

Les vignes du vignoble de Maury, comme celles du domaine La Toupie, s’étagent sous le regard protecteur des ruines cathares du château de Quéribus, dans une des plus belles vallées de France, la vallée de l’Agly en Roussillon. Cette forteresse-là, telle une sentinelle semble veiller sur le vignoble, du haut de ses parois vertigineuses.

Petit retour en arrière…

Roots 66

Un peu perdus dans l’immensité du salon, une barrique, trois tabourets, quelques bouteilles et un crachoir. Le tout petit stand du domaine La Toupie se résume à cela. Jérôme Collas n’investit pas en marketing. Son métier à lui, l’aventure qu’il a choisi de vivre, c’est faire du vin et le partager. C’est à la réalisation de ce rêve qu’il consacre son temps, ses deniers et son énergie. Quand il choisit de communiquer, il privilégie la rencontre aux artifices des paillettes.

Roots 66. C’est le nom choisi par cette association de producteurs languedociens du Fenouillèdes dont il fait partie. Dans cet espace commun où différents domaines du groupement se sont rassemblés pour l’occasion, on parle, déguste, commente, s’agite, négocie. Lui, il attend, apparemment sereinement, celui qui voudra bien lui prêter l’oreille. C’est peut-être cette attitude-là qui m’a conduit vers l’espace restreint qu’il a investi. J’aime l’inconnue inhérente à la découverte de ceux qui ne font pas de bruit.

Ici, je le sens rapidement, le vin va parler. Peut-être même davantage que cet homme discret, ingénieur agronome et œnologue, qui s’efface devant ses flacons, presque timide et en retrait lorsqu’il raconte la toute jeune histoire de son domaine. Le discours est pourtant épuré, authentique, sans mirages, argumenté mais sur le fond, pas les apparences.

Avec du recul, je réalise qu’employer les mêmes termes pour décrire ses vins n’aurait pas été totalement incongru…

Jérôme s’anime. Il verse dans les verres puis on échange. Parfois, les vins sont les meilleurs acteurs du rapprochement des hommes. En dégustant, je replonge intimement dans les souvenirs imagés du magnifique périple que j’avais effectué auparavant dans les vallées du Roussillon.

vignoble de maury - chateau de queribus
Vignoble de Maury – © V. Roelandt

L’air de rien, il guette nos réactions. Ce regard-là est davantage inspiré par l’intérêt pour ce que nous allons en dire que par l’inquiétude. Notre homme est conscient que l’évolution de son domaine n’en est qu’à ses balbutiements, même si la qualité de sa production et la reconnaissance déjà obtenue lui procurent une forme d’assurance tranquille.

La dégustation se déroule presque sans mots. Mes voisines et complices du verre, d’habitude si volubiles, sont cette fois très concentrées sur leur sujet. Auraient-elles senti que cette rencontre-ci marque une vraie différence avec les précédentes ? Les cuvées se succèdent, la mine de mon crayon de graphite s’agite sur les feuilles d’un petit carnet qui se révèle rapidement trop mince. Quelques questions techniques, qu’il a laissé venir, puis des réponses succinctes mais pointues.

Lorsque vient le moment de quitter le stand, pestant contre le manque de temps qui m’empêche d’échanger plus longuement avec ce vigneron attachant, je réalise que ce moment-là est une amorce pour d’autres partages futurs.

Avant de rejoindre l’espace des Vignerons de Caractère de Vacqueyras (voir ici le lien vers le billet qui raconte cette dégustation), conscient du visage inachevé et quelque peu frustrant de ce qui vient d’être vécu, je laisse mes coordonnées à Jérôme et ouvre la porte à une nouvelle rencontre, plus tard, ailleurs, autrement…

La Toupie s’invite à Bruxelles

C’est inévitablement par le vin qu’elle a lieu, deux mois plus tard, lorsque je vais chercher chez un caviste du Brabant Wallon quelques échantillons des millésimes 2012 et 2013 qu’il a laissés à mon intention, lors de son passage dans le Benelux.

Ce qui suit, permettez-moi d’insister, n’est pas un publi-rédactionnel. La dégustation des vins du domaine La Toupie s’est réalisée comme toutes les autres, de façon aussi attentive et objective que possible. Encore faut-il être convaincu qu’en la matière, toute forme de subjectivité peut paraître suspecte…

maury et queribus
Quéribus et les vignes de la vallée de l’Agly – © V. Roelandt

La dégustation…

Côtes du Roussillon Blanc « Fine Fleur » 2013

Parée d’une jolie robe jaune pâle mordoré, cette cuvée s’appuie sur l’apport de trois cépages complémentaires, grenache gris, carignan blanc et macabeu, récoltés à des rendements angéliques de 20hl/ha.

Dès l’ouverture, les senteurs de fleur d’acacia, ciste et aubépine laissent rapidement place à un léger toasté, assorti d’une subtile expression de petits fruits secs. La typicité variétale lutte amicalement avec la délicate empreinte de l’élevage (6 mois en fûts de 1 an). Au fil de l’aération, les notes de pommes et poires caramélisées dominent un ensemble engageant.

cotes du roussillon blanc - domaine la toupie - cuvee fine fleur
© Quitou

Séveuse et tendue par une belle acidité qui apporte la touche de fraîcheur nécessaire dès l’attaque, la bouche montre de l’opulence mais ne pêche par aucun excès de lourdeur, malgré sa texture enveloppée. Les agrumes sont davantage présents qu’au nez et la finale, de persistance appréciable, rappelle la marque de l’élevage par ses tonalités d’amandes et noisettes grillées.

J’ai apprécié ce vin étoffé et bien structuré par son équilibre acidité/moelleux, favorisant l’intensité à la puissance. Différentes options liées à l’élevage (durée, âge des fûts) pourraient cependant souligner avec plus d’insistance les caractères variétaux et de terroir (galets roulés et schistes noirs).

Servir à 12°C, endéans les 3 prochaines années, sur une terrine de roquefort aux fruits secs, des piquillos farcis à la morue, des poissons de méditerranée grillés, des poivrons farcis, une truite aux amandes, des coquilles Saint-Jacques à la Provençale ou aux champignons, un crabe à l’Antillaise ou une bouillabaisse. Pour tous les goûts, non ?


rosé languedocC’est l’heure du rosé…

IGP Côtes Catalanes Rosé « Petit Frisson » 2013 (Grenache noir 80% – Syrah 20%)

Ce petit frisson se présente sous une robe tendre, pétale de rose, dont l’intensité modérée témoigne du pressurage direct.

Relativement discret lorsque le verre est immobile, le nez se dévoile plus franchement lors du premier mouvement giratoire. Un panier gourmand de petites baies rouges et noires se présente (gelée de framboises, cerises confiturées), mêlé au registre de la confiserie (grenade, cuberdon). Un bouquet engageant et très parfumé, qui appelle à la dégustation.

Enveloppé d’une texture grasse et enjôleuse que vient équilibrer une acidité bienvenue, la bouche s’impose par son insistante vinosité et séduit par son toucher caressant et délicat. Par goût personnel, j’aurais apprécié une tension sensiblement plus vive, ce qui n’enlève rien au caractère extrêmement gourmand d’une finale puissamment fruitée, évoquant davantage les fruits blancs (pêche, poire) que les agrumes.

IGP cotes catalanes rosé - petit frisson - domaine la toupie
© Quitou

A déguster dans les 2 ans, sur le charme de son fruité juvénile. Servir bien frais à l’apéritif ou en accompagnement d’une paëlla, de préparations chinoises ou Thaï, d’un veau marengo, de côtes d’agneau aux herbes, de rougets grillés, d’encornets farcis en ratatouille, d’un melon au crabe ou même de calamars frits. La terrasse est ouverte…


AOP Côtes du Roussillon Rouge « Pirouette » 2013 (Grenache noir 50% – Syrah 45% – Mourvèdre 5%)

« Pirouette » en ancien français signifie « Toupie ». Le lien entre cette cuvée tout en pulpe et le domaine qui lui donne vie est déjà établi.

cotes du roussillon rouge - pirouette- domaine la toupie
© V. Roelandt

Une robe rouge vif à rubis, dont la frange du disque présente les reflets violacés attendus, compte tenu de la jeunesse du vin. La macération carbonique de la syrah a ici joué un rôle essentiel. On retrouve d’emblée les accents de pivoine, violette, cerise et framboise, dans un ensemble olfactif particulièrement convivial, qui s’apparente à une confiserie.

En bouche, c’est une décoction de petits fruits rouges désaltérants qui s’impose, complétée par une fine touche épicée (genièvre, thym). « Pirouette » joue pleinement son rôle. Cette cuvée franche et précise, vigoureuse et de plaisir immédiat, se montre extrêmement gourmande et parfumée, de texture lisse. Inutile de chercher ici une solide structure et une trame serrée. En finale, de séduisantes saveurs de coulis de sureau, mûre et cerise révèlent leur maturité, le vin conservant un équilibre rafraîchissant, qu’une température de service aux alentours de 14°C saura souligner.

Diablement friand, pour les grillades estivales festives. Seront aussi de parfaits complices la lasagne d’aubergines à la bolognaise, un jarret de veau aux légumes, un filet de canard aux cerises, un pâté de canard en croûte ou un rôti de porc à la catalane.

A déguster dans les 3 à 4 ans. Pourquoi attendre pour profiter d’une telle gourmandise ?


AOP Côtes du Roussillon Villages Rouge « Quatuor » 2013 (Grenache noir 50% – Syrah 20% – Mourvèdre 15% – Carignan noir 15%)

côtes du roussillon villages rouge "Quatuor" - domaine la Toupie
© Quitou

La séduction est d’abord visuelle, « Quatuor » livrant une splendide robe violine, de grande jeunesse, éclatante.

Au nez, tout est en place. Les effluves de fruits rouges et noirs (mûre sauvage, cassis, cerise) se voient complétées avec nuance par les notes de tabac blond et d’épices orientales.

Ce qui impressionne dans ce cru de haute tenue en bouche, c’est l’apport de chacun des types de sols (élégance pour les schistes et enveloppement pour les galets roulés) mais aussi la trace d’un exercice de vinification maîtrisé, qui a su magnifier les qualités intrinsèques des différents cépages (récoltés à 20hl/ha). Une structure tannique gourmande et tonique, non intrusive, vient se placer naturellement au service d’un fruité intensément mûr. De l’attaque à la finale, persistante et légèrement cacaotée et réglissée, l’ensemble est soutenu par une acidité vivifiante et tramé par une vendange bien mûre.

Un vin complet, svelte et typé, qui peut s’apprécier sur 3 à 6 ans, servi à 15-16°C, sur un navarin d’agneau aux olives, un lapin ou des paupiettes de veau aux pruneaux, une gigue de chevreuil ou des petits gibiers à plumes sauce forestière.

cotes du roussillon villages rouge - quatuor - domaine la toupie
© Quitou

Les vins d’appellation Maury

Rappelons tout d’abord le contexte qui entoure ce fabuleux terroir, bien connu des amateurs de Vins Doux Naturels.

Situé au cœur du pays cathare, au pied de forteresses impressionnantes, le vignoble de Maury est une splendide porte d’entrée dans le Roussillon. Il s’étend aujourd’hui sur près de 800 hectares et dessine un couloir naturel dans la vallée de l’Agly, s’allongeant sur 17 km et 4 km de large. La principale partie du vignoble est située sur la commune même de Maury. Quelques parcelles des villages avoisinants de Tautavel, Saint-Paul-de-Fenouillet et Rasiguères sont également concernées.

C’est un terroir de prédilection pour le grenache noir, dont la complicité avec les sols schisteux acides qui recouvrent de nombreux secteurs est avérée. Un duo gagnant…

terroir schisteux de la vallée de l'agly
© V. Roelandt

Reconnue en appellation contrôlée VDN (Vins Doux Naturels) dès 1936, la zone de Maury y produit une écrasante majorité de vins rouges et quelques blancs, selon le principe du mutage (ajout d’alcool neutre pour bloquer la fermentation et conserver du sucre non transformé (résiduel) dans le vin). Le terme « naturel » ne signifie donc pas que le vin est « naturellement » doux.

Depuis 2011, l’appellation s’est vue également reconnaître pour ses vins rouges secs, issus des cépages grenache noir, carignan noir, syrah et mourvèdre.

 

AOP Maury Sec « Sur un Fil Rouge» 2012 (Grenache noir 70% – Syrah 25% – Mourvèdre 5%)

mury rouge sec - domaine la toupie en roussillon
© Quitou

Issus de raisins récoltés à très faibles rendements (18hl/ha), provenant de parcelles schisteuses de deux secteurs différents (l’un plus solaire, l’autre plus frais), ce vin fait partie des rares échantillons que j’ai eu l’occasion de goûter dans cette toute jeune appellation. Confessant sans difficulté un certain manque de pratique concernant cette appellation vinifiée en sec, j’affirme avec conviction ma puissante envie de combler cette lacune sans attendre. S’il le faut, je descendrai sur place.

La robe grenat intense, au disque fermé, ne présente aucune forme d’évolution.

Le caractère sudiste de cette cuvée s’affirme dès le premier nez, illustré par un insistant registre de fruits macérés (prune, cerise, figue), associé aux épices douces.

La dominance des très vieilles vignes de grenache noir dont les baies sont parvenues (sans difficulté) à maturité est marquante dès la prise en bouche, par son caractère plantureux. De texture souple et lissée, ce vin aux tanins vivants mais presque fondus dans une matière concentrée accorde la priorité aux saveurs de kirsch et eau-de-vie de quetsche. La tension est plus présente ensuite (et appréciée…) et la finale, gourmande et charnue, confirme la complémentarité des saveurs de noyau de cerise, cacao et réglisse. J’ai apprécié son allonge veloutée.

En résumé, l’attaque m’a paru quelque peu capiteuse, le milieu de bouche a nuancé cette impression et le grain serré de la finale a ponctué la dégustation par une impression très favorable.

Petit conseil : ne pas servir ce vin à une température trop tempérée. 14-15°C est un bon choix. Par ailleurs, son potentiel de conservation ne me paraît pas important, compte tenu de son acidité modérée. A déguster dans les 3 ans et pour l’accompagnement, voici mes suggestions: un gigot d’agneau aux herbes, une moussaka, des noisettes de marcassin sauce grand veneur, un onglet aux échalotes confites, un perdreau rôti ou une entrecôte marchand de vin.


AOP Maury Blanc « Tertio » 2013 (macabeu à presque 100%)

domaine la toupie - maury blanc tertio
© Quitou

« Tertio », 3ème cuvée du domaine en appellation Maury, est presque exclusivement élaborée à partir de très vieilles vignes de macabeu, auxquelles viennent se mêler quelques ceps de grenache gris, encore présents dans ces parcelles de plus d’un demi-siècle.

Un petit mot sur le macabeu. Ce cépage espagnol originaire de Catalogne est classiquement utilisé pour les VDN du Roussillon. De l’autre côté des Pyrénées, c’est essentiellement pour les Cavas qu’il entre en activité. Il apprécie les sols ni trop secs ni trop humides, donc bien drainés. C’est pourquoi son implantation dans la vallée de l’Agly s’est révélée concluante. Son acidité naturelle est basse. Lorsqu’on l’utilise de manière majoritaire, il convient de préserver au maximum les quelques nuances de fraîcheur qu’il peut apporter.

Rien ne laisse présager la douceur de ce nectar lorsqu’il emplit le verre. Une lumineuse robe pâle à reflets presque verdâtres, de belle limpidité, s’offre à l’œil.

Le voyage olfactif s’initie par les effluves de raisin frais et de poire bien mûre. Le registre exotique apparaît ensuite, illustré par la mangue et la banane. Un univers tout en douceur, très engageant.

L’entrée de bouche, savoureuse et dense, confirme le croquant du raisin, tout en soulignant le registre d’un fruité confit. La chaleur due au mutage est bien présente, sans excès toutefois. Le vin reste digeste. Malgré son toucher gras et très riche, cette cuvée a su conserver de l’élégance et une forme de vivacité qui vient quelque peu nuancer l’opulence d’une longue finale sur la poire au sirop. Suffisamment ? C’est une question de goût et de seuil de perception…

Par précaution, je conseille de servir ce vin au charme confondant très frais, à 8-10°C maximum, éventuellement sur une crème brûlée ou des desserts à base de praline ou de caramel.


AOP Maury Grenat « Au Gré d’Eole » 2012 (Grenache Noir 100%)

maury grenat - au gre d'eole 2012 - domaine la toupie
© V. Roelandt

Issu de vignes de plus de 50 ans exposées aux bienfaits de la tramontane, d’un rendement abaissé à 15hl/ha et d’une vinification qui opte pour le mutage sur grains, ce maury est une redoutable friandise.

D’un abord rubis profond au disque purpurin, la robe se montre intense et très jeune. Quelque peu retenu à l’ouverture, l’ensemble ne se livre que progressivement, soulignant les accents de confiture de mûre, coulis de sureau, cerise amarena et cacao, dans un caractère doucereux mais presque aérien.

La technique de mutage a préservé une fraîcheur appréciable en bouche tout en conservant l’intensité du fruit par un élevage en milieu réducteur. Ce vin mesuré et délicat est habillé de tanins gourmands, équilibrés par un moelleux dosé procurant une sensation de grande harmonie. Il procure une sensation d’harmonie, favorisée par la tonicité de l’ensemble. La finale, longiligne, s’exprime de manière exubérante sur le noyau cerise et la figue rôtie.

Un cru diablement gourmand, qu’il faut servir aux alentours de 13°C, seul comme une praline ou en accompagnement d’un gâteau Forêt Noire, une marquise au chocolat et aux griottes, des fromages à pâte persillée ou une poire pochée au vin rouge voire des macarons au chocolat.

 

Que retenir aujourd’hui de cette dégustation du Domaine La Toupie?

gamme complete des vins du domaine la toupie en roussillon
© V. Roelandt

Compte tenu de la création très récente du domaine La Toupie, on ne peut que souligner le haut niveau qualitatif des cuvées qui y sont produites. Jérôme Collas est un passionné qui a rapidement su lire les empreintes de son terroir au travers des différents cépages dont il respecte les spécificités. Sa formation, associée à l’expérience acquise précédemment, assurent à sa nouvelle aventure de solides fondations.

L’ensemble de sa démarche, extrêmement respectueuse et pour ainsi dire complice du fabuleux environnement naturel dans lequel il évolue, témoigne à la fois de la rigueur de son travail et d’une belle maîtrise de vinification. Un regain de tonicité en bouche dans certaines cuvées pourrait parfaire le tableau mais ne boudons pas notre plaisir, très sincèrement, le bilan global est extrêmement positif et saura apporter de réelles émotions gustatives à ceux qui auront la chance de croiser les vins du domaine. Faisons confiance aux intuitions et au savoir-faire de ce vigneron pour imaginer les cuvées des prochains millésimes, enrichies des expériences récentes de la propriété.

Et si vos pérégrinations vous mènent sur ces terres reculées du Roussillon, en venant du département de l’Aude, n’hésitez pas un instant…

cucugan
Village de Cucugnan – Département de l’Aude – © V. Roelandt

Après avoir quitté les étapes classiques que sont les visites de l’impressionnante forteresse de Peyrepertuse et du charmant petit village de Cucugnan (et son célèbre moulin), empruntez la route sinueuse qui escalade la montagne, jusqu’au col où est perché Quéribus. De là-haut, vous resterez sans mots face à la magie du spectacle de cette vallée de l’Agly et de l’horizon pyrénéen qui s’ouvre à votre regard.

vallee de l'agly - roussillon
La vallée de l’Agly et le vignoble de Maury, depuis le château de Quéribus – © V. Roelandt

Et tout en bas, après la plongée vers Maury, vous ne regretterez pas d’aller à la rencontre de Jérôme Collas, un homme sans artifices, qui saura vous toucher par ce qu’il a de plus cher : le rêve liquide qui a pris forme dans son chai.

Q.

 

Interrogé sur le choix du nom de son domaine, Jérôme répond ceci : « La toupie n’est un bel objet que lorsqu’il est en équilibre, équilibre précaire qui n’est atteint que lorsque l’énergie de rotation est suffisante… C’est également le cas de notre projet : l’équilibre reste précaire mais chaque jour nous lui insufflons l’énergie pour tendre vers l’équilibre… De même à la vigne, à chaque cycle végétatif, le vigneron recherche l’équilibre qui permettra d’obtenir le meilleur que la nature peut nous offrir… »

côtes du roussillon villages rouge "Quatuor" - domaine la Toupie
© Quitou

 

  • Vous souhaitez en savoir plus sur le domaine et la place symbolique (mais pas seulement) que la toupie y occupe ? Suivez ce lien
  • Un regard plus fouillé sur l’appellation Maury vous intéresse? C’est par ici

  • La toupie du domaine existe bel et bien. Parfois, ce magnifique objet se contente d’un fil. Cliquez ici !


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Amis lecteurs-dégustateurs, c’est avec tout autant d’intérêt que je recueillerais vos avis au sujet des vins du domaine La Toupie, s’il vous est arrivé de les goûter. Et si vous avez testé avec bonheur un accord gourmand qui concerne les vins secs ou doux du domaine aujourd’hui à l’honneur ou d’autres vins des appellations du Roussillon, n’hésitez pas à nous en faire bénéficier par vos commentaires!


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