Un sujet brûlant

Le vin en Egypte – Un sujet brûlant…

En cas de passage à l’acte, je m’étais secrètement promis de ne pas vous en parler. Et puis, par souci d’information…

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Autant le confesser, quelques jours furent nécessaires avant que ma décision ne soit prise. Le cuisant souvenir d’une expérience passée ne cessait de freiner mes élans. Mais l’adage que je répète inlassablement à qui veut bien l’entendre, « on n’a pas d’avis sans avoir goûté », venait sans cesse me narguer le palais.

Alors, quand le sommelier local (qui n’a jamais bu une goutte de vin de sa vie pour une raison simple, il ne peut pas…) s’est fendu d’un « Our Wines are very good, sir, je vous l’assure », c’est vrai, j’ai hésité.
Pas longtemps toutefois, car même à quelques milliers de kilomètres de chez soi, on ne se refait pas, on reste curieux… Et puis, on ne sait jamais, c’était il y a quelques années, tous les vignobles progressent, du vin a certainement coulé sous les ponts…OLYMPUS DIGITAL CAMERA

En ce lendemain de Noël, j’ai donc doublement trahi ma promesse intime. Non seulement j’ai (re)goûté le vin égyptien (dans les trois couleurs mais ceci est en partie anecdotique, vous allez comprendre pourquoi) mais j’ai aussi décidé de ne pas vous laisser orphelins de l’information capitale qu’a engendré ce grand moment de solitude.

Ommar Khayyam - vin d'<H2>egypte</H2>Commençons par le blanc. Son nom? Inspiré d’un célèbre savant et poète persan : Omar Khayyam. Le millésime? 2009, mais quelle importance, sous ces climats désertiques, l’effet millésime est réduit à sa plus simple expression. Le cépage? « Sultanine blanche », ça ne s’invente pas et nous voillà bien informés…
Une jolie robe dorée, limpide et scintillante. Et me voici face à de belles promesses! Le nez, un désert. Enfin, c’est l’image qui m’est venue, allez savoir pourquoi… En cherchant bien, une subtile senteur florale, mais ne nous emballons pas, extrêmement éphémère. Un enfant dirait : « ça sent un peu le vin… » Ensuite, inutile d’évoquer l’attaque, le milieu de bouche et encore moins la finale. Le vin est « monobloc », insipide, extrêmement gras voire huileux en bouche, sans aucune élégance. Et pour couronner le tout, l’entrée se confond avec la sortie car l’ensemble se montre inexorablement fuyant…

Leila - Vin rosé d'<H2>Egypte</H2>Bon, ne pas se laisser démonter, garder le moral et remettre son ouvrage sur le métier. Mes espoirs se reportent sur le rosé, un domaine de Gianaclis – Cuvée Leila 2010.

Très vite, ils se transforment en vaines illusions. Nous allons gagner du temps, le commentaire du blanc lui convenant à merveille. À l’aveugle, je ne suis pas certain d’être capable de les différencier. Ni au nez ni en bouche. Pas la moindre vivacité, je reste sans voix, sans mots, face à son électroencéphalogramme parfaitement plat… Une expérience unique, qui a le mérite de ne pas présenter de trop graves déficiences.

Reste le rouge, mais sincèrement, le cœur n’y est plus vraiment. Quelque peu refroidi sans doute. Je ne le sais pas encore, mais je ne vais pas tarder à me réchauffer…
L’étiquette annonce un assemblage de cabernet sauvignon et de merlot, voilà qui donne confiance. Bien que la rondeur naturelle du merlot, sous ce climat souvent suffocant…
La robe, grenat soutenu, ne présente aucun signe d’évolution. Je reste optimiste, presque confiant.
Ensuite, tout se précipite. À la vitesse de l’éclair, le nez fait vaciller mes espérances. Puissamment levuré, il se révèle écœurant, sans charme, laissant juste s’exprimer une timide et fugace note de figue cuite. Puis ce sont des vapeurs d’éthanol qui envahissent mes narines. Cette fois, il me fait presque peur. Allons-y malgré tout…
Je goûte, ça brûle, ça colle au palais et cette fois, pour mon plus grand malheur, il y a de la persistance. Son nom était prémonitoire, il s’appelle « Beausoleil »… Par respect pour ceux qui ont imaginé puis construit ce vin, je préfère ne pas dévoiler les qualificatifs qui me viennent pour le résumer.Beausoleil - merlot et cabernet sauvignon d'<H2>Egypte</H2>

Promis, juré, on ne m’y reprendra plus. Enfin, je crois, car il doit bien y avoir un vin digne de ce nom dans ce pays. On ne lui demande pas grand chose, juste un peu d’équilibre, d’harmonie et si possible, une pointe de fraîcheur en bouche.

Il me revient que dans la vallée du Nil, là où l’argile et le limon luttent comme ils peuvent contre la puissance du sable, des plants de sauvignon ont pris racine, avec un certain succès… Je devrai revenir, ne fût-ce que pour vérifier cette information.

Origines de la vigne sur la planète - arrivee en <H2>egypte</H2>
Origines de la vigne sur la planète

 

Curieux destin viticole tout de même, que celui de cet extraordinaire pays qui, il y a si longtemps, au cours des glaciations, a servi de zone-refuge à la vigne. À cette époque, l’Europe était loin de présenter les facteurs météorologiques que nous connaissons.

Les recherches les plus sérieuses établissent l’existence du vin avec assurance 6000 ans avant notre ère, entre l’Arménie et le Haut Nil, à l’ouest de la Mésopotamie. Un texte d’écriture cunéiforme en commente le commerce. L’Egypte fut donc un grand terroir viticole…

 

Image2En Egypte, vers 1700 avant J-C, des amphores de vin funéraire étaient placées dans les sépultures. Aujourd’hui encore, les fonds sous-marins de la Mer Rouge révèlent ponctuellement ce passé.

Au même moment, chez nous, les populations préhistoriques consommaient le raisin comme fruit, comme en atteste la découverte d’amas de pépins fossilisés.

Soit, revenons à nos chameaux.

OLYMPUS DIGITAL CAMERAC’est en sauveur que j’accueillis le riesling alsacien que j’avais pris soin (par prudence) d’emporter dans mes bagages. À dire vrai, il n’était pas transcendant. Finement minéral, quelques notes d’agrumes mais peu de profondeur et un substantiel manque de relief. Cela suffisait déjà à mon bonheur, sans doute parce que je revenais de loin…

 

En regard de cette édifiante expérience orientale, la première gorgée se révéla salvatrice de fraîcheur. Une oasis dans l’immensité horizontale de ce que je venais de subir.
Je m’en contentai, en rêvant au premier vin égyptien qui me donnerait l’occasion de nuancer le désolant tableau que je viens de vous décrire.

Ma traversée du désert avait déjà pris fin…

Q.

 

Pour en savoir plus sur l’origine du vin en Egypte, cliquer ici

La vigne a refleuri dans le désert égyptien! Article ici

 


2 réponses à “Un sujet brûlant”

  1. C’est comme si on y était dis ! Dégustation truculente apparemment, ça a du être comique… Il faut donc envisager au plus vite une aventure viticole orientale ;-). On ne peut rester sur cette inconfortable incertitude…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.